Lost Days IV
“Ah, qu’est-ce j’en ai, de la chance.”
Il était une heure du matin, l’heure où même les arbres vont dormir. Revenu d’une supérette des environs, je regardai dans le sac plastique avec un large sourire, avant de pénétrer dans l’entrée de la maison. Le sac plastique contenait des boissons et divers en-cas, mais aussi deux petits pots de pudding. Le mot ‘petits’ semblait avoir une connotation négative, mais venant d’une supérette, ces pots étaient de vrais trésors. Acheter ce genre de pudding était une chose, mais en avoir deux en était une autre.
…Eh oui, ce n’est pas une surprise. J’ai eu le deuxième pot dans un élan de bonne fortune. Ah, j’étais vraiment chanceux. Je n’avais pas vraiment confiance en mes actions lorsque j’avais de la chance, mais là, j’avais peut-être un vrai superpouvoir malgré tout. J’étais vraiment très fier de moi. D’ailleurs, tout ce que j’ai fait, c’est acheter quelque chose à 1000 yen, ce qui n’était vraiment pas cher, mais cette raison suffisait à l’obtention d’une si belle récompense. Le propriétaire du magasin a vraiment été généreux.
Est-ce que c’est vraiment sans danger de revenir à la supérette à cette heure-ci ? J’étais un peu inquiet, mais je n’avais pas redonné le pot que je n’avais pas payé ; tout ce que j’ai dit, c’est un petit “Merci à vous.”
Il ne restait que deux jours avant le festival culturel de l’école. Le développement du jeu entrait enfin dans sa phase finale. D’ailleurs, j’avais déjà presque fini “Goursille” et les autres ennemis. Tout ce qu’il me restait à faire, c’était probablement dessiner les décors. Enfin, ce que je voulais dire par ‘phase finale’, je pense que c’est plus le cas de Monsieur Tateyama, qui lui, était resté éveillé tard de nombreuses nuits, moi, en tout cas, j’avais encore des choses à élaborer.
Entendre ses gémissements angoissés nuit après nuit me faisait sentir vraiment mal pour lui. Sauf que même si je voulais l’aider, faire le jeu en lui-même demandait des connaissances que je n’avais pas, donc j’étais incapable de l’aider à ce niveau-là. Donc à la place, en ce moment, je dois aller acheter le nécessaire pour qu’il avance. Mais bien évidemment, cette tâche était en partie motivée par mon besoin d’en-cas nocturne. Eh oui, c’était ‘gagnant-gagnant’.
Hm, quelque chose ne semblait pas tourner rond à propos de ça…bah, c’est pas grave.
Je ne pouvais pas rester là et perdre plus de temps. Afin de répondre à la requête de Monsieur Tateyama, qui était de ‘déjà boire du café’, j’enlevai rapidement mes chaussures et je me suis avancé dans l’entrée. La distance entre les escaliers et l’entrée était relativement courte, alors je n’ai pas allumé la lumière, puis j’ai avancé en utilisant le mur comme repère..
La famille de Monsieur Tateyama devait être endormie, à cette heure-ci. Ce serait terrible si je les réveillais, donc je devais marcher doucement, sans faire de bruit. Doucement, doucement…
En allant de l’avant, tout en faisant attention à ce que je faisais, je passai devant la porte sur laquelle était écrite ‘Chambre des enfants’. Je me souvint alors d’un coup des évènements de mon premier jour.
Cela faisait quatre jours depuis celui où j'avais été ‘enfermé’ dans la bibliothèque et promis de ne pas regarder avec des yeux lubriques cette personne. Ce qui était bizarre, c’était que depuis ce jour-là, je n’avais pas vu une seule fois les frères d’Ayano. Il était vrai que je passais beaucoup de temps dans ‘ma’ chambre à travailler sur le jeu, cependant étant sous le même toit, il était curieux de ne pas s’être croisés. Après tout, ces quatre derniers jours, je me levais soit pour partir à l’école, soit pour aller aux toilettes…
Tandis que je faisais attention à ne pas faire le moindre bruit dans les escaliers, je laissais mon imagination divaguer à propos des frères d’Ayano et de leurs ‘caractéristiques’. Ce jour-là, Ayano m’avait dit “Ne prête pas trop attention à eux je te prie” et j’avais depuis obéi. En conséquent, j’essayais du mieux que je pouvais de ne pas trop parler d’eux lorsque je croisais Ayano. Mais en toute honnêteté, j’étais plus que curieux à leur propos.
Pourquoi m’ont-ils fait une telle blague, le premier jour? Et pourquoi Ayano s’acharnait autant à m’empêcher de les rencontrer ? Non, ça m’ennuyait vraiment. Mais j’hésitais vraiment à demander.
“Oh?”
En pleine réflexion et en route vers le deuxième étage, mes jambes, qui devaient m’aider à emmener ce dont avait besoin mon professeur dans sa salle, se sont figées. La porte de ‘ma’ chambre était entrouverte et la lumière était allumée. Bizarre. Est-ce que j’aurais oublié de l’éteindre quand je suis parti ? Non, je ne pense pas. Alors pourquoi… ?
…Hein?
Mais qu’est-ce que c’était que ça? Je n’arrivais pas à bien voir à cause de la faible luminosité mais on aurait dit que quelque chose bougeait furieusement vers le bas de la porte. Attends, est-ce que ce truc venait vers moi ?
Une minute! Q-Quoi? Quoi, quoi, quoi?
“Aïe…!”
La petite ombre qui s’échappait du bas de ma porte avait couru vers moi et m’avait mordu mon pied droit. La douleur soudaine m’avait presque fait crier mais j’avais réussi à me retenir.
Hein? Est-ce qu’on venait de me mordre, là?
Juste après avoir poursuivi, avec beaucoup de difficulté, la petite ombre en m’accroupissant misérablement sur le sol, la porte qui était jusqu’alors entrouverte s’ouvrit en entier. La faible lumière devint aveuglante, et révéla la silhouette d’un petit garçon.
“H-Hanao! Non!” Partant en courant de la chambre, le garçon semblait énervé, mais a immédiatement, avec un mouvement fluide, attrapé la petite ombre après avoir repéré où elle se trouvait. Eclairée, la petite ombre révéla sa réelle identité.
Et mettant la douleur et mes questions à propos du jeune garçon de côté, j’ai d’abord dit tout haut lappellation de la créature. “U-Un hamster…?”
En tenant dans ses mains l’hamster ‘Hanao’, le garçon se releva en face de moi et me demanda, inquiet “E-Euh, ça va?
Pardon, pardon, je suis vraiment désolé…!”
Il devait avoir un an ou deux de moins que moi. Sa tête était couverte de cheveux noirs qui semblaient raides et durs, et étaient attachés par une barrette sur son front. Il portait un Tee-shirt blanc et un pantalon de travail, ce qui lui donnait un côté ‘nature’ même s’il était vraiment timide— assez timide pour dissiper les choses qu’on pouvait remarquer chez lui.
Le voyant baisser la tête frénétiquement pour s’excuser, je me suis assis d’une façon convenable et je lui ai dit, pour le rassurer “D-Du calme! Je n'ai pas l'air de saigner, donc tout va bien! Tu vois?” Je vérifiai encore —Je ne sais pas si c’était parce que l’hamster y était allé gentiment avec moi, mais en tout cas, il n’avait laissé aucune cicatrice.
En entendant mes mots, le visage du jeune garçon s’adoucit “Vraiment, ça … ça va?”
Pour être honnête, ça me faisait encore un peu mal mais je trouvais ça déplacé de le lui dire alors qu’il était au bord des larmes. Je lui avait souri du mieux que je pouvais et je lui ai dit ; “Tout va bien. Tu serais pas…le frère d’Ayano, si?”
En entendant ma question, le garçon eût un visage apeuré. “S -Si, c’est ça… Euh, tu vas faire un rapport à Ayano, pas vrai?” Après avoir dit ça, le garçon commença à trembler.
Hein ? Un rapport ? Mais nous ne sommes pas à l’armée ! En voyant sa réaction, je pouvais dire qu’Ayano devait être vraiment effrayante quand elle s’énervait. Ah, maintenant que j’y pense, elle a fait pleurer ses frères, le premier jour.
“Non, non! Euh..vu que c’était la première fois que je te rencontrais, je voulais te dire bonjour.” Je lui tendis ma main en disant ça ; le geste amical universel. “Je m’appelle Kokonose Haruka, et toi, tu es…?”
Le jeune garçon déplaça son hamster dans son autre paume et me tendit la main en retour. “J-Je m’appelle Kousuke. Enchanté.”
“Kousuke” —cela ne m’a frappé qu’après qu'il ait dit son nom. Ayano avait mentionné son frère “Shuuya”, le premier jour, je crois. Lequel des deux était l’aîné? Kousuke ou Shuuya? Ah, ça m’avait travaillé un moment.
“B -Bon, moi, je vais aller en bas. Euh, je suis vraiment désolé de t’avoir salué que maintenant.” Kousuke se leva et s’excusa une nouvelle fois en se baissant.
Il allait probablement au lit. Ouais, il était déjà très tard, logique. Je voulais encore un peu plus lui parler…mais il allait sûrement se coucher. Hm.
“Ahh, bonne n…”
…Non, il était aussi possible qu’il n’aille pas du tout au lit !
Cet espoir inattendu me coupa. Qu’est-ce qui pouvait bien le faire rester ? Non, je devrais juste tenter le coup, non? Non, non, non, je n’avais aucune intention de récolter chaque information que je pouvais avoir sur cette famille, donc tout allait bien. Je voulais juste papoter un peu…
“K-Kousuke.”
“…Oui, quoi donc?” Kousuke pencha sa tête sur le côté en signe d’interrogation.
Je pris le sac plastique qui était posé par terre, y avais pris quelque chose et avais demandé, “Tu aimes… le pudding?”
“C-C’est la première fois que j’en mange un d’aussi bon, habituellement, j’en mange de ceux qui sont vendus par trois… !” Assis face à la table au milieu de la chambre, Kousuke s’était exprimé avec un visage rayonnant.
Héhéhé, tu es beaucoup trop naïf, Kousuke. Le pudding vendu par trois a son propre charme. Un jour, quand tu seras plus grand, tu retourneras sûrement vers le confort qu’offre ce pudding-là. Pendant que ces belles pensées traversaient mon esprit, je replongeai ma cuillère dans le pudding. Ah, il était vraiment délicieux.
Juste après avoir rapporté la nourriture réconfortante, Monsieur Tateyama nous avait vu tous le deux se tenir l’un à côté de l’autre, il semblait très surpris. Selon ses dires, les frères d’Ayano avaient ‘très peur des inconnus’, et se rapprochaient très difficilement d’eux. Lorsqu’il a dit ça, Kousuke semblait assez gêné. Mais je trouvais ça assez logique, et que c’était peut-être la raison pour laquelle nous ne nous étions pas rencontrés.
“En tout cas, il a l’air de bien t’aimer.”
Le petit hamster ‘Hanao’ se reposait sur l’épaule de Kousuke. Il n’avait pas l’air de vouloir me faire du mal ou m’attaquer.
“Héhé…c’est parce qu’on s’entend bien.” Au même moment, Kousuke commença à le déplacer délicatement, et ‘Hanao’ s’était automatiquement installé confortablement.
“Kokonose est là pour préparer le festival culturel, c’est ça ? Ayano m’a dit que ça commençait officiellement après-demain. ”
“Oui, c’est bien ça. Le festival culturel de l’école. Oh, si ça ne te dérange pas, tu voudrais bien venir y assister, Kousuke ? Il y aura beaucoup de stands pendant le festival, c’est toujours aussi grandiose chaque année !”
En réponse à mon invitation, Kousuke hocha la tête en s’excusant “Merci beaucoup pour l’invitation …mais je pense pas que je devrais venir. J’aime pas vraiment la foule et puis, j’ai prévu autre chose après-demain.” Après avoir dit ça, de la mélancolie semblait se dégager de son visage.
C’est vrai, Monsieur Tateyama avait dit qu’ils n’étaient pas à l’aise en présence d’autres personnes…alors c’était stupide de demander ça.
J’ai entrouvert ma bouche pour dire quelque chose mais Kousuke m’a devancé : “Ah, mais Ayano et…les deux autres vont venir aussi.”
“Oh! Les deux autres y seront aussi?” C’était un peu…non. C’était très étonnant. En fait, j’avais eu l’impression qu’ils me détestaient et pourtant, ils allaient venir après-demain pour passer du bon temps !
De bonne humeur, je ne pouvais m’empêcher de dire, “Ah ! C’est trop bien !Si tout le monde venait, ma motivation en serait décuplée !”
Je parlais avec un grand sourire aux lèvres, et Kousuke m’avait répondu avec un sourire similaire , “Je ferais tout pour vous aider. En fait, si je n’avais rien à faire après-demain, je serais peut-être venu jeter un coup d’œil…”
“Ah, oui, tu en as parlé tout à l’heure…est-ce que c’est vraiment important?”
Kousuke avait d’abord répondu avec un “ Un peu, oui.“, puis avait continué en disant ” C’est pour un travail pour délivrer les journaux, vu qu’ils veulent bien embaucher quelqu’un de mon âge, je voulais vraiment y postuler.”
C’était donc ça. Pour une seconde, j’ai accepté ses mots mais rapidement, je commençai à réfléchir ; Kousuke n’avait l’air de n’avoir que treize ou quatorze ans, ce qui était relativement jeune pour se faire embaucher. Et pourquoi devait-il…
Au même moment où j’avais du mal à exprimer mon questionnement, Kousuke a compris mon dilemme et dit, “C’est parce que j’ai voulu changer. Tout le monde faisait du mieux qu’il pouvait après la mort de Maman, alors je ne pouvais pas être le timide qui ne faisait rien…” À cet instant, Kousuke s’arrêta de parler, probablement parce qu’il avait remarqué mon étrange réaction.
…Hein, Hein? Une minute. Qu’est-ce qu’il vient de dire? “Depuis la mort de Maman ”… Sa mère, elle était aussi la femme de Monsieur Tateyama, non ?
Non, non, non, c’est impossible... Monsieur Tateyama n’en a jamais parlé. Et puis, depuis ma rentrée à cette école…non, même avant, et jusqu’à maintenant, je ne l’avais jamais vu avec un visage triste. Même pendant le deuxième semestre, ça avait toujours été comme ça…
“…Madame Tateyama est décédée…?”
Après avoir dit ça, Kousuke me répondit, étonné, “Papa n’en a jamais parlé?”
J’hochai la tête en silence.
Peut-être que Kousuke avait sa petite idée pourquoi, il y a réfléchi et a soupiré. “Papa n’aime pas que les autres le voient quand il est triste…Il n’a jamais pleuré en face de nous non plus. Je pense que Papa ne voulait pas vous inquiéter.”
A-t-il fait exprès de ne pas en parler pour ne pas nous inquiéter? Son rire n’était qu’un masque ? Et en vérité, il se cachait et pleurait seul…Le sourire de Monsieur Tateyama m’est apparu en tête. Ma poitrine me faisait mal.
“…Avons-nous été trop durs avec lui…?”
Kousuke secoua sa tête en signe de désaccord. “Non, je ne pense pas. À chaque fois que Papa parle de toi, il a toujours l’air joyeux. Il a même dit un truc du genre ‘Je suis vraiment très fier de lui . !’”
Ces mots me mettaient au bord des larmes. Mais je n’avais pas d’autre choix que de les retenir, Kousuke étant en face de moi.
“Ah…,et j’imagine qu’il ne nous le dira jamais.”
En guise de réponse, Kousuke me sourit amèrement et me dit “…C’est parce qu’il était soûl quand il a dit ça…”
Ah, donc il était soûl quand il avait dit ça…J’essayai d’imaginer à quoi il pouvait ressembler à ce moment-là.
Au même instant, Kousuke avait l’air de savoir quoi dire, à propos du sujet dont on parlait, il frappa légèrement dans ses mains “Ahh! Je me souviens qu’il était vraiment allé loin. Il était vraiment soûl, alors il a dit à Ayano ‘J’vais le ramener à la maison pour que tu deviennes sa copine ’, des trucs du genre. Mais d’habitude, il dit des trucs comme ‘Si tu te maries, je suis un homme mort’!”
Kousuke avait rigolé en parlant, mais ses mots me faisait bêtement un peu peur. Ce à quoi je pensai était l’’incident’ qui était arrivé le premier jour.
“Ahaha, c’est vraiment… comment dire, haha…”
“C’est bizarre hein? Et nous, on l’avait pris très sérieusement, on avait même crié, ‘On va protéger Ayano!’… Hein? Kokonose?”
Ah, Kousuke était-il dans la ‘Chambre des enfants’ durant l’incident ? Cette opération “On va protéger Ayano ! ” a sûrement été organisée…Mm, ça semblait très plausible.
Soyez tranquilles, frères et sœurs. Faites-moi confiance quand je dis que je ne regarderai jamais Ayano avec des yeux lubriques, et ceci, de toute ma vie.
Je n’arrivais pas à être à l’aise, alors je décidai de mettre fin à la rencontre du ‘pudding’. “K-Kousuke, il est déjà tard, ne devrais-tu pas être au lit?”
“Hein? Ah, si. Il est déjà deux heures du matin. Désolé d’être resté si longtemps.” Kousuke prit son pot vide de pudding et se leva. Face au mouvement soudain de Kousuke, ‘Hanao’ resta sur son épaule, vraiment sans avoir peur. Mm…ils étaient vraiment proches.
Afin de l’accompagner, je me suis aussi levé, mais Kousuke dit “Oh non, c’est bon, pas besoin de venir avec moi.” J’ai répondu avec un “Très bien, alors”, et je l’ai suivi jusqu’au couloir. “Bonne chance, pour ton entretien d’embauche.”
Après ça, Kousuke me sourit et me répondit “Bonne chance aussi, avec le festival …”
…Non, Kousuke avait plus à dire que ça, mais avant de pouvoir finir sa phrase, il mit sa main sur son front, comme pour couvrir ses yeux, la tête baissée. J’ai immédiatement rattrapé son dos.
“T-Tout va bien, j’ai juste un peu le vertige … ” Même en disant ça, Kousuke ne semblait pas aller bien. “Tu vas vraiment bien? Tu as besoin de médicaments… ?”
“Non, ça va aller, rien… n’est grave…” Kousuke pressa sa main sur son front, tandis que son visage devenait vraiment pâle. Il semblait trembler. Un tel état n’était pas normal du tout, mais Kousuke avait l’air de bien connaître les symptômes, alors tout ce que j’ai pu faire, c’est tenir son dos en silence.
Après un petit moment, Kousuke avait déjà l’air d’aller mieux, il se tenait à nouveau droit et avait enlevé sa main du front, qui laissait voir de la tristesse sur son visage.
“D-Désolé. De t’ennuyer autant.”
“Non, c’est bon, mais avant, est-ce que ça…”
…va? Avant que je puisse finir sa phrase, il répondit soudainement avec un “O-Oui, ça va !”
Je l’aurais fait se sentir encore pire si je montrais mon inquiétude en disant autre chose. Je le vis descendre les escaliers. La façon dont il me regardait semblait vraiment montrer de la tristesse, mais jusqu’à la fin, je n’ai jamais vraiment pu savoir à quoi il pensait.
Après m’être occupé de ce qu’il me restait à faire, je me dirigeai vers mon lit plus tôt que d’habitude. Mais je n’arrêtais pas de penser à Madame Tateyama et il était impossible de m’endormir. Quel genre de personne avait-elle pu être ? Elle était sûrement une mère très douce, et aimante envers ses enfants.
Ahh, si ça avait été le cas, alors le fait qu’Ayano soit si ‘aimante envers sa fratrie’ est peut-être dû à la mort de sa mère. Kousuke avait fait de son mieux pour changer, lui aussi. En y repensant, c’était vraiment admirable. Même si elle n’était plus de ce monde, elle était devenue la raison de vivre de sa famille ; c’était superbe. Est-ce que je deviendrai la raison de vivre de quelqu’un, moi aussi ?…Comment dire…ça me semblait assez dur à faire.
J’avais essayé d’y réfléchir, mais mon esprit ne pouvait pas réfléchir autant. Mes pensées se sont perdues, tout, des mots comme ‘moi’, mais aussi mon identité, ont commencé à devenir flous. Je ne ressentais pas de peur, je ne ressentais rien. Tandis que je me disais que ça devait être ça, la ‘mort’, mon dernier petit moment de conscience partit dans le monde sans fin du sommeil.