Kagescan

Kagerou Daze Vol.VI -over the dimension-


Lost Days I

Sommaire du volume 6

 

C’était le début de l’hiver, le soleil brillait chaudement.

Je m’assis près de la fenêtre, faisant tourner mon crayon dans ma main droite, en regardant, d’une extrême lenteur, le spectacle d’après-midi qui se déroulait sur le complexe de l’école. La faible teinte de l’automne assombrissait et peignait les arbres du terrain et leurs larges feuilles avec une nuance d’un rouge brillant.

C’était la saison de l’année avec les couleurs les plus lumineuses — l’automne, ma saison préférée de toutes. De doux, duveteux et moelleux nuages, qui me rappelaient les flocons de neige, traversaient le ciel clair et bleu. Les rayons de soleil qui brillaient à travers les nuages ne laissaient plus aucune trace de l’été.

—En parlant de ça, ça s’est fini aussi sans qu’on le remarque, hein, l’été.

La même question refaisait surface chaque année : quand précisément s’était fini l’été ?

Des impatients avaient l’idée que “l’été était terminé une fois le Festival Obon terminé aussi”, et puis il y en avait qui pensaient que “c’était terminé quand le mois d’Août était passé”. Certains suivaient le calendrier scolaire, disant que “ l’automne commençait quand les vacances d’été étaient finies”, mais d’autres encore insistaient sur de vagues pensées, comme “l’automne commence quand le temps se refroidit ”.…Bien sûr, il y avait des gens poétiques qui disaient des choses comme “l’automne commence quand les cigales se taisent”.

Tout le monde avait sa propre idée, ce qui indiquait que tout le monde avait une différente définition du concept que représentait ‘ l’été ‘, pas vrai ? Hum, en y pensant de cette manière, je devais avoir à peu près raison. Mais même si la personne ayant le plus d’autorité sur tout le pays devait proclamer que “l’été se finit ce jour-là, à cette période-là”, il y aurait toujours des ‘mouvements’ différents, dans des préfectures différentes, ainsi que des cultures différentes. J’étais sûr que personne ne l’accepterait, en conséquent, l’idée ne se répandrait pas non plus. Hum, je ne pense pas être capable de l’accepter non plus.

Mais si c’était le cas, que signifiait pour moi ‘ l’été’ ? Maintenant que j’y pense, on dirait que je ne vais pas pouvoir sortir durant cet été…c’est assez vexant.

Ah, j’ai envie de sortir davantage pendant l’été, l’année prochaine. Quand l’heure arrivera, je devrais sûrement aller à la plage ou à un endroit du même genre avec mes ‘amis’. Faire du ‘camping’ n’est pas une si mauvaise idée non plus. Même si j’ai un chouia peur des insectes, je parie que le curry que je ferai avec tout le monde sera délicieux. Pouvoir détacher mes cheveux et jouer, profiter de mes vacances…Je devrais pouvoir le trouver, non ? Un ‘ été ‘ à moi.

L’année prochaine… alors ? C’est dans longtemps.

…Non, je devrais arrêter d’y penser. Ouais, au lieu de penser à ce genre de choses, je devrais me concentrer sur quelque chose de plus important. Et il est déjà trois heures…

Oh, déjà trois heures ? …Quoi ? Il est déjà trois heures ! Q-Qu’est-ce que je vais faire ? La sixième heure de cours va bientôt se terminer ! Ah, et je n’ai absolument pas avancé…! B-Bon, je devrais me calmer déjà…

“Alors, t’as fini de dessiner les ‘ennemis’ qu’on va devoir défoncer?”

“Snif…”

Une voix brute a, tout à coup, imprégné la classe de science qui était jusqu’alors si silencieuse. La voix était forte, et pas du tout embarrassée d’avoir utilisé le mot ‘défoncer’.

Vu que le cours n’était même pas encore fini, il était peut-être un peu exagéré de parler si farouchement, pensais-je en regardant le bureau de notre professeur. Notre professeur principal, Monsieur Tateyama, s’était ‘écroulé’ sur son bureau, et ronflait bruyamment. Hum, comme je l’avais prédit.

De toute façon, depuis le début, il n’y avait que deux élèves dans cette salle de classe. Donc peu importe comment je voyais les choses, le hurlement qui venait de se faire entendre m’était uniquement dirigé. Victime de mon destin, je me tournai vers la source du cri, et j’y trouvai immédiatement un sourire narquois, mal intentionné, ainsi qu’un regard perçant qui me fixait, tout ça de la part de la fille aux couettes qui se trouvait au bureau voisin du mien.

Ses yeux, qui remontaient légèrement aux extrémités, étaient ornés de cernes. Une musique rock pouvait se faire entendre du casque qu’elle portait autour du cou.

Cette fille n’était autre qu’Enomoto Takane, ma seule et unique camarade de classe.

Même s’il est vrai que nous étions camarades de classe, la situation était un peu plus compliquée que ça. Il faut dire qu’à la base, j’étais un élève de la Classe E, et elle, était de la Classe B. Dans des circonstances normales, nous n’aurions jamais assisté à un cours ensemble. La raison pour laquelle nous avions nos bureaux côte à côte et assistions à des cours ensemble, c’était car nos corps étaient ‘malades’ et que notre classe, était une ‘classe pour besoins spécifiques’.

La maladie de Takane avait l’air de la faire ‘dormir n’importe quand’, ce qui n’était pas commun, voilà pourquoi elle fut transférée dans cette classe. Même si je disais ça, Takane parlait difficilement du sujet, et vu que je ne lui avais pas posé de questions, je n’en savais pas plus.

Cependant, j’étais très conscient de ce que l’expression mesquine de Takane signifiait pour moi. C’était le visage qui indiquait qu’elle avait trouvé une de mes faiblesses.

Je devais m’empresser de le cacher. Je ne savais que trop bien quelles étaient mes faiblesses.

Takane semblait avoir réussi à détecter mon malaise, et elle commença à me taquiner en quête de réponses. “Dis donc toi, là, t’avais dit que tu finirais les dessins des ennemis aujourd’hui, nan ? T’as avancé ? Tu vas pas me dire que t’as rien fait du tout, si ?”

J’évitai le regard suspect de Takane, et dérivai mes yeux sur le papier à dessin sous mon bras. Je n’ai pas du tout fini de dessiner les ‘ennemis’ que Takane venait de mentionner ; il n’y avait même pas un seul trait de crayon sur le papier. Bien sûr qu’il n’y avait rien, vu que je n’avais même pas commencé à dessiner quelque chose. En fait, j’aurais vraiment eu très peur si il y avait des croquis sur la feuille.

“Euh… je n’ai pas fait grand chose… Ha ha…” tandis que je répondais doucement, j’essayai de retourner la feuille…mais elle m’avait devancé.

Takane se retourna, fixa le papier, et fit un “hmph” avec son nez..“Oh~ ! Donc quand tu disais ‘j’ai pas fait grand chose’, tu faisais allusion à cette feuille blanche et vierge ! Je m’en souviendrai.”Takane s’exprima comme une actrice de théâtre, puis se laissa tomber sur sa chaise, tout en baillant un peu, sans culpabilité, suivi d’un “Ah~quel idiot”.

Comme à son habitude, Takane n’utilisait qu’une seule phrase, mais vivement détaillée, pour me rabaisser. Déjà que je n’avais jamais eu beaucoup confiance en moi, après quelque chose comme ça, mon estime de moi-même était en ruines. Mais en vérité, la vraie nature de la méchanceté de Takane allait bien plus loin. Cela aurait été merveilleux, si elle s’était arrêtée là, mais bien malheureusement, ce n’était pas le cas. Elle me dirait probablement autre chose. Non, j’étais certain qu’elle le ferait. Takane s’était-elle déjà arrêté, après une seule remarque, dans cet état-là ? Non, cela n’était jamais arrivé.

Je me préparai, mentalement et comme prédit, une question sordide sortit de sa bouche.

“Dis, qui a dit ‘j’ai envie de faire un jeu de tir pour le festival de l’école’~ ?”

“Euh…c’était moi…non ?”

“Ouais. Et là, il reste qu’une semaine jusqu’au festival. Tu captes dans quelle situation on est?”

“Je comprends… mais…”

“Bon, eh ben si t’as compris, pourquoi tu travailles pas ? Et pourquoi tu regardes toujours par la fenêtre ? T’es bête ou quoi ?” Encore une fois, Takane activa sa langue de vipère, qui allait à l’essentiel et qui faisait terriblement mal, comme d’habitude.

Sérieux, des mots comme ‘idiot’ et ‘bête’ ne sont pas des mots très agréables à entendre lorsqu’ils sont utilisés pour communiquer avec des gens. Étant une fille, elle devrait faire attention quand elle utilisait de tels mots, non ? Si elle commençait à prendre l’habitude de parler comme ça, elle aurait difficilement un mari plus tard !

…Évidemment, il n’y avait aucune chance que je puisse dire quelque chose d’aussi cliché tout haut, donc j’avais juste laissé sortir un gémissement, à la place de ma réplique. Mais bien sûr, Takane ne me laisserait jamais tranquille après un gémissement.

“Alors, Haruka… T’as quelque chose à dire pour ta défense ?”

“…Je rêvassais. Désolé.”

Il ne restait qu’une seule semaine avant le premier festival culturel de notre vie. Nous étions très agités, durant cette période. Le festival culturel de notre école avait une longue histoire derrière lui, et il était très réputé dans les environs. L’école avait l’air de faire énormément d’efforts pour cet évènement, et ceci chaque année. Le premier jour de préparation pour le festival, l’école avait organisé une réunion, appelée ‘mobilisation de tous les élèves et professeurs’, ce que je trouvais assez impressionnant.

L’année dernière, un célèbre groupe de rock avait même joué dans notre école, j’avais entendu dire que le nombre de spectateurs avait été au-delà des espérances. Takane était une vraie groupie de ce groupe, donc elle avait assisté au concert en tant qu’invitée. Je ne saurais jamais si ceci avait été décisif pour son choix d’école.

Et une fois de plus, les préparations pour le festival étaient en cours. Pendant cette période, toutes les classes ont été autorisées à utiliser la quatrième, cinquième et sixième heure de cours, et ceci librement. Donc dès que c’était l’après-midi, tous les coins de l’école devenaient bruyants à cause des différentes installations et préparatifs. Les cours normaux commençaient à disparaître complètement, surtout pendant la semaine avant le festival, et ce n’était pas inhabituel que beaucoup de classes sacrifiaient leurs récréations pour continuer les préparatifs.

Par contre, ça, c’était la situation des ‘classes normales’. Notre classe à nous n’était pas vraiment similaire aux autres, donc nous n’avions pas à participer aux activités scolaires comme le festival sportif, ou le festival culturel, sauf si on le voulait. Mais bien sûr, cette décision était prise après avoir considéré les conditions que nous imposaient nos corps, mais déjà, notre classe avançait à son propre rythme, si on pouvait dire. Il était clair que des idées comme ‘participer activement’ ne pouvaient pas venir de nous. Après tout, et ceci depuis le début, Takane avait dit “Je veux pas ouvrir une boutique.”Et à cause de ça, on avait décidé ce jour-là, que nous n’installerions pas de jeu de tir à cadeaux.

Si tout était allé comme prévu, on ne se serait pas du tout embêtés à se préparer pour le festival culturel. Et puis même si ça avait été le cas, ça aurait donné quelque chose du genre” quelle direction on doit prendre pour visiter tous les stands ?” ou bien “à quel point je dois manger à chaque stand ? ”Jusqu’à hier matin, nous n’avions pas à nous dépêcher pour préparer notre stand, vu que le jour fatidique n’était pas trop proche.

“Rah, en fait, ça sert à rien de t’engueuler. Tout est arrivé à cause du prof qui faisait l’idiot.” dit Takane, exaspérée. Elle dirigea son bras vers Monsieur Tateyama, qui était encore affalé sur son bureau, endormi, et le pointa du doigt.

Je souris amèrement, et m’arrêtai-je avant que la phrase “Même si on est supposés utiliser notre index pour pointer les gens du doigt, tu ne trouves pas que c’est un peu méchant de le faire de façon si têtue ? ” s’échappa de ma bouche. Ce que Takane avait dit était à peu près vrai. On a soudainement dû préparer un stand car Monsieur Tateyama avait, négligemment, dit quelque chose pour ‘impressionner’ quelqu’un.

“Rah, pourquoi est-ce qu’on doit aider Tateyama à lécher les bottes de quelqu’un ? Sérieux, c’est trop dur, tout ça juste parce que le prof voulait bien paraître devant le principal et a dit un truc du genre ‘On a préparé quelque chose de spécial !’ Et puis, vu qu’on avait préparé que dalle, il aurait pas dû essayer de se vanter d’un truc qu’il avait pas ! ” cria Takane en se balançant violemment sur sa chaise, exprimant ainsi sa critique.

J’avais aussitôt essayé de lui répondre et de la calmer “Moi, j’ai plutôt hâte qu’on soit au festival. Travailler sur les préparatifs comme on le fait maintenant est assez chouette, je trouve.”

En entendant ça, le visage de Takane se détendit, puis elle s’affala sur son bureau.“Bah… c’est pas trop grave. C’est vous qui allez faire le plus gros du boulot, de toute manière.”

Même en disant ça, en comparaison, les stands des autres classes étaient déjà presque finis. En toute honnêteté, ne commencer les préparatifs que maintenant était si malavisé que dire que nous n’avions pas ‘assez de temps’ ne décrivait pas assez à quel point notre situation était désespérée. Elle était déjà mauvaise en prenant juste compte du temps qu’il nous restait, mais en plus de ça, notre classe n’avait que trois participants, même en comptant notre professeur.

En circonstances normales, un plan spécial aurait été hors de question. Réussir à préparer un stand de tir relèverait même de l’impossible. Mais Takane semblait suivre le principe que “Vu qu’on va être un stand ouvert, on peut pas le faire qu'à moitié ! Si on le fait, faut qu’on le rende le plus intéressant possible !” J’acquiesçai, en rajoutant même un “Tout à fait !” Rejoindre les classes qui ont mis corps et âme à préparer leurs stands, avec un stand fait n’importe comment, n’était pas vraiment quelque chose dont on pouvait être très énervé. Mais en parlant de ça…

“Dis, Takane...”

“Quoi ?”

“Ah, c’est rien. Je pensais juste qu’on avait un peu les yeux plus gros que le ventre en ‘faisant un jeu de tir en une semaine’.”

Même si Takane s’était plainte à propos du fait que Monsieur Tateyama avait placé la barre haute pour nous, le niveau de difficulté dont elle faisait la référence en disant ‘le plus intéressant possible’ était hors de notre portée. Monsieur Tateyama était somnolant après avoir veillé tard la nuit dernière, à programmer le jeu. Après tout, il devait finir l’écriture du programme d’un jeu de tir avant la fin de la semaine. Même si on s’était dégoté une quelconque aide supplémentaire, il y aurait beaucoup trop de travail. Et même si notre professeur était fautif pour notre situation désespérée, il inspirait tout de même un peu de pitié. C’était juste que Takane ne voyait pas ça de la même manière.

“De quoi tu parles ? Celui qui nous a enfoncé dans cette situation c’est bien Monsieur Tateyama, et toi, t’étais pas celui qui voulait faire un jeu de tir ? Vous deux ne pouviez même pas faire de travaux manuels, alors faire un jeu vidéo était la seule chose que vous pouviez faire.”En parlant, elle laissa paraître une expression qui semblait dire “quel mec bizarre”.

Ah… oui, c’était moi qui souhaitais faire un stand de tir avec des prix. Mais on ignorait complètement comment faire de gros accessoires, et de toute manière, nous n’avions pas assez d’argent et de personnes pour nous aider. Étant donné que ce fut le cas, faire un jeu, où nous devions juste penser aux dessins et à la programmation, nous allait parfaitement. Bien sûr, c’était sans considérer le ‘temps’, ce qui était très problématique.

“Bon, allez ; si t’as le temps de parler autant, alors tu devrais travailler à la place ! On manque déjà assez de temps comme ça~!” dit Takane en frappant deux fois dans ses mains pour me presser.

J’attrapai de nouveau mon crayon. Elle avait raison, nous manquions assez de temps comme ça. Mon objectif d’aujourd’hui était de ‘dessiner les vingt monstres qui apparaîtraient dans le jeu’ mais je n’en avais dessiné aucun jusqu’à présent. Même après avoir longuement regardé ma feuille depuis le premier cours de l’après-midi, je me trouvais incapable d’en dessiner un : il était impossible que je termine de dessiner les vingt aujourd’hui.

Mais…Non, il était impossible pour moi de les dessiner. Ce n’est pas comme si je ne savais pas dessiner. Pour ma défense, j’ai toujours dessiné des décors et des paysages… C’est juste que quand il fallait imaginer des personnages, et qu’il fallait que je pense au mot ‘ennemi’ en les dessinant, je séchais complètement.

Lost Days I novel illustration

Alors que je commençais à me murmurer à moi-même inlassablement, Takane en avait eu marre et m’avait proposé son aide.

“Quoi, tu peux même pas en imaginer un seul ?”

“..Non... Ce n’est pas dans mon habitude de jouer à des jeux comme ça, alors je ne peux pas trop imaginer à quoi doivent ressembler les ennemis.”

Après avoir entendu ma réponse, Takane laissa échapper un gentil “hmph”, et leva un doigt fièrement “Écoute-moi bien ! Tant que les gens se sentent bien quand ils défoncent les ennemis, leur apparence n’importe pas beaucoup. Le vrai but du jeu est de pouvoir permettre aux gens d’évacuer leur stress, donc imaginer l’apparence des ennemis en fonction de ça aboutira au meilleur des résultats ! Pigé ?”

‘Défoncer’ était vraiment un mot dangereux, mais même si je ne jouais pas trop aux jeux vidéos, je pensais vraiment que ce qu’elle disait était logique. Auparavant, notre professeur avait mentionné que Takane était une experte des jeux de tirs. Donc on pouvait lui faire confiance, comme il me l’avait dit. En revenant au sujet, vouloir que quelqu’un comme moi, qui n’avait jamais rien ‘défoncé’, sans parler de mon expérience avec les jeux de tirs, imaginer ce qui peut faire ‘sentir bien’, était impossible.

“Hmm~quels genres d’ennemis apparaissent dans les jeux de tirs ?”

“Quels genres de personnages tu dis ? … Dans les jeux de tirs, les plus connus sont les zombies, j’imagine ?”

Les zombies. Je frissonnais en entendant ce mot…

J’avais déjà vu des films d’horreur avec des zombies dedans, et ils étaient vraiment terrifiants. L’armée de morts vivants, jaillissant de leurs tombes les uns après les autres…en s’attaquant sans merci aux habitants sans défense…et…

“D-D-Désolé, Takane, si on pouvait changer d’ennemis, j’en serais vraiment reconnaissant”

“Hein ? C’est pas assez bien, les zombies ? Qu’est-ce qu’ils ont ? Il y a quelque chose qui te dérange chez eux ?”

“C’est pas qu’ils me dérangent … c’est juste que, des créatures comme les…z-zombies n’existent pas …donc c’est un peu dur d’imaginer à quoi ils pourraient ressembler.”

Observant mes mouvements agités, Takane me regarda suspicieusement, mais elle n’est pas allée chercher la petite bête. Au lieu de ça, elle exprima une sorte d’expression qui faisait “Ah, j’ai une idée !” et leva son doigt de nouveau “Si c’est comme ça, pourquoi pas utiliser l’apparence de petits animaux ou un truc du genre ? Les ennemis ‘monstres’ qui apparaissent dans des jeux sont parfois inspirés d’animaux, je crois !”

“Des montres ressemblant à des animaux… Hum, je pense pouvoir faire ça.”

En parlant de monstres, ce dessin animé qui était destiné aux petits comme aux grands m’est venu en tête —c’était l’histoire d’un jeune garçon qui partait à l’aventure avec un groupe de monstres qui sortaient d’une capsule. J’adorais voir les monstres évoluer et grandir, ils pouvaient aussi se transformer en des formes diverses et variées. Quand j’étais jeune, j’étais vraiment passionné par ça. En parlant de ça, je crois même que je dessinais toujours les monstres de ce dessin animé. Oui, j’avais même imaginé de nouveaux monstres.

…Je pense que ça pourrait marcher. Si je pouvais me baser sur ces monstres pour les ennemis, je pense que je pourrais faire quelque chose de pas mal. Cela ne me dérangerait même pas de finir les dessins des vingt monstres ce soir.

“Des monstres, alors…Merci, Takane, je pense pouvoir les dessiner à présent !” Je pris une pose victorieuse, tandis que Takane fit un bruit satisfait avec son nez.

“T’as intérêt à bien travailler aujourd’hui~ ! Si un bug survient pendant le festival, je n’en serai pas la responsable.”

Nous nous étions mis d'accord pour faire un 'jeu de tir à deux joueurs' . Le but de l’adversaire n’était pas de faire un score particulier, mais c’était d’en avoir un plus grand que celui de Takane. Nous avions décidé de cette condition car Monsieur Tateyama avait utilisé tout l’argent que l’école nous avait donné pour le festival, donc le seul prix que nous pouvions attribuer était ‘un poisson fossilisé’. Étant donné que nous n’avions qu’un seul prix à donner, cela signifiait que si quelqu’un réussissait à atteindre un score bien défini, nous n’aurions pas d’autre choix que de fermer le stand. Et donc, si notre premier client réussissait, notre expérience au festival culturel aurait été vraiment déprimante.

Jusqu’à la fin de la semaine du festival, nous ne pouvions vraiment pas laisser quelqu’un remporter notre seul et unique prix. Mais si on mettait la barre trop haut, on aurait eu des plaintes vraiment menaçantes de la part des clients. Et puis Takane a proposé le ‘système adversaire’. Selon ses dires, “Si l’adversaire est une jolie fille, même si tu perds, tu peux pas te plaindre”. En effet, si on défiait une fille et perdait, il serait difficile de s’en plaindre ensuite.

Mais tout prendrait fin si elle perdait. Cependant, Takane avait l’air d’avoir extrêmement confiance en ses talents concernant les jeux de tirs, et elle disait qu’elle ne perdrait pas même en y allant gentiment. La situation dans laquelle nous nous trouvions pouvait être qualifiée de ‘pleine d’incertitudes et de problèmes mais on n’avait pas d’autre choix que de serrer les dents et d’en finir’.

Faire un jeu de tir dans un laps de temps d’une semaine. Tout ça, sans une organisation convenable et avec une aide insuffisante. Même en sachant que c’était la pagaille, quel était ce sentiment que je ressentais, dans mon cœur ? Je me sentais vraiment de bonne humeur.

“Bon, faisons de ce stand le meilleur de tous, Takane.”

“Bien sûr qu’il sera le meilleur ! Aucun moyen qu’on puisse faire autre chose.” grimaça Takane. Je pouvais me sentir sourire. “…Oui, pas faux.” Takane frappa dans ses mains en parlant, comme si elle venait tout juste de penser à quelque chose. Je hochai la tête. “Du coup, c’est quoi le titre de notre jeu? Tu m’as dit que tu y réfléchirais, hier.”

Ah, exact. J’avais oublié de lui dire.

Je sortis un dossier de mon sac et lui donnai le dessin qui était à l’intérieur.

“Hm ? Qu’est-ce qu’il a ce papier… ?...Oh, c’est le logo! T’as vraiment travaillé en fait! Héhé, vas-y, montre, montre~”

C’était le titre sur lequel j’avais travaillé dur hier, mais en y réfléchissant, la première personne qui allait le lire tout haut était Takane. Quel genre de voix prendrait-elle après l’avoir lu tout haut ? J’étais impatient de le savoir.

Au milieu de la musique rock qui jouait encore dans son casque, Takane lut le nom tout haut, comme si elle l’essayait.

“…Headphone Actor.”




Je fus ramené de ma somnolence par le tic-tac de la grande aiguille, qui ne faisait qu’un avec le silence qui régnait dans ma chambre. Fixant l’horloge, je remarquai que la petite aiguille indiquait une heure du matin.

Penché sur ma chaise, j’étirai mes bras au-dessus de ma tête. La chaise, que j’avais achetée lors de ma rentrée à l’école, commençait à basculer d’avant en arrière. On dirait que j’avais encore grandi. Ah, c’était vraiment pas nécessaire, pourquoi est-ce que je devais encore grandir ? Cela m’avait rendu trop visible, et je me cognais facilement ; il n’y avait aucun bon côté à ça, vraiment.

Je déplaçai mon centre de gravité en avant, et frottai mes yeux fatigués. Sur la table éclairée par la lampe de chevet se trouvait le livre d’illustrations d’animaux , qui était auparavant dans ma bibliothèque, mais aussi des miettes de gomme ainsi que des feuilles de papier à dessin. Au milieu de la feuille se trouvait le dix-neuvième ennemi que j'avais fini de dessiner “Miaoutaros”.

“…Pas mal. Hum, pas mal du tout, même.”

Est-ce que je devrais dire que tout ça était grâce à Takane ? Depuis que je m’étais inspiré d’animaux pour dessiner les ennemis, la création de ces derniers, que je trouvais un peu troublante à faire pour moi, s’est en fait révélée étonnamment facile. J’étais sûr d’avoir fait tout mon possible pour que les personnages reflétaient parfaitement les formes animales. La raison pourquoi je sentais que chaque monstre me semblait très réaliste, c’était parce que je les avais créés, donc je les aimais profondément.

En dessinant, je devins si joyeux que je n’arrivais pas à m’arrêter ; je n’ai jamais été si productif. Depuis combien de temps n’ai-je pas ressenti ça en dessinant ? Je me sentais au Paradis.

“Plus qu’un et j’aurai atteint mon objectif de vingt ! Si Takane apprenait à quelle vitesse je travaille, elle en serait vraiment surprise~... ”

Même si son caractère était ce qu'il était, la vérité est qu’elle était une personne que l'on pouvait surprendre aisément, donc elle aurait une réaction très intéressante. Je ne pouvais pas m’arrêter de simplement sourire en m’imaginant son choc. Au-delà du fait qu’elle ne m’avait jamais vraiment admiré, après avoir vu ces dessins, peut-être aurait-t-elle une plus haute estime de moi…En pensant à ça, mon enthousiasme reprit de plus belle.

Allez, je vais travailler dur et finir le dernier !

Avec excitation, je pris le livre d’illustrations et tournai les pages.

“…Hein? Bizarre…”

Sur la page où j’avais atterri, l’animal mentionné était une vache. Mais là, je venais juste de dessiner “MoeufMoeuf ”donc je venais déjà de représenter une vache, donc je ne pouvais en aucun cas réutiliser la référence. Peut-être me suis-je trompé dans l’ordre des pages…Je tournai une fois de plus la page, mais l’ours mentionné sur celle-ci avait été déjà utilisé pour créer “Goursille ”, donc je ne pouvais pas l’utiliser non plus.

…Une seconde.

Me sentant subitement inquiet, je me rendis au sommaire du livre d’illustration. Je regardai les noms des différents animaux répertoriés de haut en bas. Chien, aigle, cochon, tortue… Oh non!

“J’ai déjà utilisé tous les animaux référencés …”

C’était affreux. Juste quand il ne m’en restait qu’un à dessiner, j’avais dû me rendre compte que toutes les références d’animaux étaient déjà utilisées …Qu’est-ce que je devrais faire? J’avais déjà dit que “l’objectif d’aujourd’hui est de finir de dessiner les vingt personnages”, donc si je disais que je ne pouvais pas tous les dessiner maintenant, j’aurais l’air nul. En plus, le dernier personnage qui me restait était le soi-disant ‘boss final’. Vu qu’il devait être plus fort que les autres, je ne pouvais pas dessiner cet ennemi avec le même concept.

Ah, si j’avais su que ça arriverait, je n’aurais pas été si fier de moi en mélangeant tous ces différents animaux ensemble dans mes croquis…C’était quoi, en plus, un “Goursille”, à la base, c’était un ours ou un gorille ?

Tandis que ces pensées traversaient mon esprit, le son de mon alarme retentit de nulle part. Je regardai vers la direction d’où venait la sonnerie, nerveux, et réalisai qu’au milieu de mon lit, clignotait la lumière de mon téléphone. Très rapidement, je me retournai vers mon lit et regardai du coin de l’œil l’horloge…une heure du matin…Mais qui m’appelait à cette heure-ci ?

Sans regarder le nom du contact qui m’appelait, je décrochai mon téléphone et le tendis aussitôt à mon oreille. “Bonjour, qui ai-je à l’appareil?”

“Whoah, whoah, comme je m’y attendais, tu es encore debout. Oh, désolé de t’appeler si tard.” La voix de l’autre côté était celle de Monsieur Tateyama. Il ne semblait pas très agité, mais il me semblait un peu tendu.

Je m’assis sur mon lit et étirai légèrement mes jambes, me permettant de m’installer un peu plus confortablement. “Ne vous inquiétez pas…quelque chose ne va pas?”

“Hein? Ah, c’est rien, c’est juste une petite chose à propos du festival culturel.” La façon dont il parlait me donnait l’impression qu’il hésitait à exprimer quelque chose.

Une petite chose à propos du festival culturel, hein. Qu’était-ce?

Avant que je puisse le lui demander, Monsieur Tateyama était allé droit au but ; “J’ai entendu ça de Takane. Tu as veillé tard pour travailler, la nuit dernière, non? À propos de ça…comment devrais-je le dire…Je me demandais si tu te forçais pas un peu trop aujourd’hui non plus.”

Ah, c’était donc ça ; voilà de quoi on allait parler. Après avoir réalisé la situation, je répondis avec un ton un peu plus enthousiaste “Non, je ne me force pas du tout! En fait, je suis tellement heureux que mon corps bouge tout seul!”

Je ne mentais pas. Aujourd’hui, j’avais tellement bien avancé que je pouvais très clairement dire que ‘ma main bougeait toute seule’ ? Mais je pouvais aussi cerner le fait que Monsieur Tateyama ne faisait pas référence à “ça”.

Sans surprise, Monsieur Tateyama continua de parler, ayant l’air gêné, “Tu n’as pas tort, mais si tu t’évanouis maintenant, tout cela n’aura servi à rien ! Fais juste ce qu’il est nécessaire pour que tu puisses profiter du jour en lui-même, tu devrais te reposer au maximum à présent.”

“…Arrêtez, s’il vous plaît, monsieur.” Avant qu’il ne puisse continuer sa phrase, je l’interrompis brutalement.

Après avoir été interrompu, mon professeur n’avait pas continué, il avait juste soupiré.

Après ce bref silence, le tic-tac de l’horloge commençait à devenir anormalement distinct. Tic tac, tic tac. Quand ai-je commencé à penser que le tic-tac normal d’une horloge faisait ‘très peur’ ? Tiens, en parlant de secondes, je l’avais calculé une fois, auparavant. Le temps qu’il me restait était de trente millions de secondes. Dit comme ça, on aurait dit que le nombre était incroyablement grand, mais avec quelque chose comme le temps, il était juste impossible de comprendre quelle était sa réelle longueur à part l’expérience personnelle. C’était inimaginable.

Ah, il était déjà si tard, rester silencieux en face de Monsieur Tateyama était assez irrespectueux, donc je devrais juste lui dire ce que je voulais lui dire, tout simplement.

“Que je me repose ou que je fasse autre chose, je vais mourir dans un an de toute façon”

Ma maladie était très bien régulée. Quand elle avait tué ma mère, il me semblait que ça l’avait frappé au moment que le docteur avait prédit, à la seconde près. Ce docteur m’avait dit qu“’il me restait un an ”, donc, bon, j’imaginais que c’était tout ce qu’il me restait.

Jusqu’à maintenant, je ne m’étais jamais vraiment senti triste ou mélancolique à propos de ma condition. Je pensais que c’était grâce à Papa.

Papa était une personne assez bizarre. Il travaillait dans un centre de recherche, et depuis le début, c’était quelqu’un qui ne faisait rien d’inutile, comme mentir ou faire l’idiot. Quand j’avais dix ans, en le voyant me dire “Tu vas mourir dans à peu près six ans” avec une expression neutre et inchangée, je ne pouvais pas m’empêcher d’être un peu agacé.

Et là, on dépendait un peu de l’un et de l’autre pour survivre, mais je le voyais rarement, étant occupé au travail. Vu que je n’arrêtais pas de faire des allers et retours entre la nourriture d’hôpital et la nourriture normale, plusieurs infirmières s’occupaient de moi à la maison. C’était le seul ‘Papa’ que je connaissais, mais d’après ce que les autres disaient, il n’était devenu bizarre qu’après la mort de Maman.

En pensant à des ‘situations variées’, je devais bien avouer que je trouvais ma vie un peu solitaire. La plupart du temps, j’étais seul, et encore maintenant, il y avait des choses que j’étais incapable de faire. Après tout, une fois, une femme inconnue s’était tenue devant moi et dit, à travers ses pleurs ; “Mon pauvre garçon …”, donc c’était sûrement ce que pensaient aussi les autres.

Par contre, je ne pensais pas que ma vie était si horrible que ça. C’était plus en particulier le cas récemment, vu que je m’amusais vraiment beaucoup à l’école, et puis, j’ai pu faire des choses que j’avais toujours voulu faire.

Même si on m’informait du temps qu’il me restait, plein de gens mouraient d’accidents de la route, tout autour du globe. Des trucs comme la ‘longévité’ de quelqu’un ne pouvait pas être prédite. C’était juste ça…On ne pouvait rien faire face au problème qu’engendrait le fait qu’il ne me restait qu’‘un an’.

Autrement dit, le festival culturel à venir serait le dernier de ma vie. Juste comme avec les stands, j’avais d’abord pensé que vu qu’on ne pouvait pas en faire un, alors il était inutile de se porter volontaire pour, justement, en faire un. Mais cette fois, l’opportunité rare s’était présentée.

“C’est pour ça que je veux faire de mon mieux pour le festival, Monsieur.”

En entendant mes mots, Monsieur Tateyama sembla murmurer quelque chose avec embarras. Et puis, j’imaginais qu’il ne pouvait pas dire tout de suite ‘On peut rien y faire. Bon, bonne chance alors’, si ? C’était compréhensible. Si j’étais à sa place, j’aurais été gêné, moi aussi.

En y repensant, je suis vraiment désolé de vous inquiéter autant, Monsieur.

Mais Monsieur Tateyama ne m’avait pas grondé et ensuite dit de façon irréfléchie “ T’as intérêt à tourner la page”. Je connaissais parfaitement la raison pourquoi il n’avait pas fait ça.

“Monsieur, le moment où vous vous êtes vanté avec le principal, hum, c’était pas vrai, si ?”

Après avoir dit ça, Monsieur Tateyama ne me répondit rien. Aucune réponse ne pouvait être donnée, alors je continuai “Si vous n’aviez pas dit ça, Takane n’aurait pas réagi, et si Takane ne réagissait pas, j’aurais inquiété les autres…c’est pour ça que vous avez inventé cette situation, j’ai tort ?”

En vérité, j’avais vu Monsieur Tateyama et le principal parler dans un couloir. L’atmosphère qui y règnait, était, comment dire…assez sinistre. Notre principal était, à mon avis, quelqu’un qui valorisait plus le résultat que la façon de l’obtenir. Pendant la conversation, des mots comme ‘taux de diplômés’ et ‘recommandations’ pouvaient se faire entendre. Monsieur Tateyama, qui jusque-là écoutait le principal d’une seule oreille, ne devait pas être habitué à ça et avait interrompu la discussion, après avoir contredit son supérieur deux ou trois fois.

Imaginer Monsieur Tateyama baisser la tête face au principal— je n’y arrivais pas. Takane disait souvent du mal de Monsieur Tateyama, mais globalement, Monsieur Tateyama était un très bon professeur, qui se souciait toujours de notre bien-être. Si j’avais pu rentrer dans cette école, c’était aussi grâce à l’ami de Papa, qui était Monsieur Tateyama. Il était le seul adulte avec qui je pouvais parler librement de mes problèmes. Sans réfléchir à la situation, j’aimais penser que notre professeur avait concocté, rien que pour nous, ce ‘festival culturel’, que moi et Takane aurions préparé, grâce à notre dur labeur, ensemble.

“Faire un jeu vidéo…ça doit coûter cher, non ? On ne peut pas du tout le calculer sur notre budget. Monsieur, vous ne vous seriez pas tué à la tâche jusqu’à utiliser votre propre argent, si ? ”

Au moment où je finis ma phrase, mon professeur explosa de rire. “Vous m’idéalisez trop ! Oh, et le fait que je me sois vanté devant le principal est tout à fait vrai. Il méprise trop notre classe à mon goût, c’est pour ça que je lui ai dit ça.”

“Hahaha, bizarrement, ça me semble vraiment plausible. Mais vous étiez vraiment décidé à prendre notre défense de cette manière…” dis-je, enthousiaste. Il me répondit, impuissant ;

“Bien sûr que oui. Tous les professeurs au monde attendent quelque chose de leurs élèves… Rah, bref, peu importe ce qui arrive, il ne nous reste qu’une semaine. Bon, Haruka, travaille à fond alors !”

“…Oui, je ferai mon maximum!”

“Faire son maximum ” était, à mon avis, une super expression. Moi, je trouvais que c’était similaire à “vivre”.

En y pensant, je trouvais aussi que tout ce que j’avais pu accomplir cette année n’était pas si incroyable que ça.

Déjà, je ne pouvais pas partir en voyage à l’étranger, mais je ne pouvais pas non plus me marier, à mon âge. Mais j’étais très content d’avoir quelque chose méritant mes efforts.

“…Oh. Il est déjà une heure du mat’, tu vas bientôt te coucher?”

“Ah, oui, en effet. J’ai veillé tard pour travailler, alors je suis assez fatigué…”Après avoir dit ça, j’avais pensé à quelque chose. Ouaip, le vingtième personnage. Je n’avais toujours pas réglé le problème. Je rapprochai mon portable de mon oreille, et observai ma table. Mais je ne pouvais plus me référer au livre d’illustration, et trouver si facilement une inspiration serait vraiment …

“…Oh!” Après une soudaine illumination, je ne pouvais pas arrêter de marmonner.

Monsieur Tateyama m’avait alors interpellé, surpris, “Whoa! Et moi qui pensais que tu ne parlais plus du tout ! Que se passe-t-il ?”

Mais oui, Monsieur Tateyama devrait en avoir. Non, j’en étais certain. Pour le travail.

Ah, je ne savais pas ce que je devais faire. C’est sûr, je serais grondé.

…Bon, je devrais déjà demander.

“Hum, Monsieur, je peux vous demander quelque chose?”

“Han-han, quoi donc?”

“…Vous auriez une photo de Takane?”

Sommaire du volume 6